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Realco crée une filiale dédiée au nettoyage en milieu hospitalier. Le potentiel de revenus se chiffre en dizaines de millions d’euros.
C’est l’autre tueur silencieux. L’amiante fait chaque année des centaines de victimes en Belgique. L’infection nosocomiale, contractée le plus souvent en milieu hospitalier, cause plus de 2.500 décès par an.
Les mesures de précaution prises pour limiter ces infections microbiennes sont insuffisantes pour éradiquer ce fléau. Mais les choses évoluent.
Depuis deux ans, la société Realco, spécialisée dans les enzymes de nettoyage, développe une extension au domaine sanitaire de ses solutions pour la destruction de biofilms, ces couches de protection qui protègent les microbes et contre lesquels les nettoyants et désinfectants classiques ne sont guère efficaces.
La lutte contre les biofilms fait partie de l’ADN de Realco depuis les années 90. Cette PME basée à Louvain-la-Neuve et cotée sur le marché libre depuis 2006 est parvenue à mettre au point un produit à base d’enzymes inoffensif sur le plan environnemental. Celui-ci liquéfie le biofilm, facilitant ainsi son élimination, et donc celle des microbes qu’il abrite. Réduire le nombre de microbes, c’est allonger la durée des aliments. Avec son Biorem, Realco vise les sociétés actives dans le secteur alimentaire. Le Biofilm Cuisine cible quant à lui le secteur de la restauration en dehors du domicile.
Les produits à base d’enzymes de Realco peinent à convaincre le grand public, habitué aux produits Ecover qu’on trouve dans les grandes surfaces. Mais côté nettoyage industriel, la société néolouvaniste s’érige en leader européen.
Entité indépendante
La croissance de Realco passe par des réajustements stratégiques. à cet égard, elle se prépare à un changement de grande ampleur.
C’est lors d’un colloque organisé il y a deux ans à Berlin qu’un professeur du MIT (Massachusetts Institute of Technology) a soufflé aux dirigeants de Realco l’idée que les solutions ciblant les biofilms pouvaient parfaitement être transposées au domaine nosocomial. Pas négligeable quand on sait que 60 % des maladies nosocomiales contractées en milieu hospitalier sont causées par des biofilms.
Les produits OneLife ont été lancés il y a quelques mois. Devant les perspectives qui s’ouvrent à elle – on parle d’un marché potentiel de plusieurs dizaines de millions d’euros -, Realco a choisi de créer une filiale, baptisée OneLife, dédiée au secteur de la santé. “Pour une PME comme la nôtre, dont le chiffre d’affaires devrait atteindre 8 millions d’euros cette année, le potentiel est trop important. Il vaut mieux créer une entité totalement indépendante pour lui permettre d’adapter une stratégie propre à assurer une croissance maximale”, précise Gordon Blackman, CEO de Realco.
La création de cette filiale doit encore être avalisée par les actionnaires. Mais Gordon Blackman ne doute guère de l’issue du vote. “Il y a trop de sociétés qui peinent à grandir. Nous voulons insuffler un véritable esprit entrepreneurial dans OneLife et favoriser un modèle de croissance rapide en réinvestissant dans un premier temps toutes les marges en recherche et développement, souligne-il. Et les actionnaires minoritaires auront leur mot à dire. Realco restera majoritaire, mais n’aura que quatre administrateurs sur huit au conseil.”
Une patronne britannique
La direction de la nouvelle société sera confiée à la Britannique Lorna Payne, l’actuelle responsable “business development” de Realco. Les trois personnes travaillant actuellement sur les produits OneLife devraient rapidement se voir adjoindre des collaborateurs supplémentaires. Gordon Blackman envisage la constitution rapide d’une équipe d’environ 10 personnes.
Le capital de départ de OneLife – 62.500 euros, soit 1.000 euros au-dessus du minimum légal – devrait être rapidement augmenté via l’apport d’investisseurs extérieurs.
Le seul obstacle, à en croire Gordon Blackman, réside dans le manque de notoriété de PME comme Realco, qui peinent à se faire une place face aux géants du secteur. “Si les gens connaissaient nos technologies, nous serions milliardaires en chiffre d’affaires depuis des années”, assure-t-il.
Reste à voir si l’activité naissante de OneLife permettra de combler ce déficit de notoriété. Ce ne sera sans doute pas pour tout de suite.
Article l’Echo, mardi 9 décembre 2014, Luc Van Driessche